Sarah Trouche, le corps allégorique retrouvé

A retrouver en intégralité sur le site d’untitled magazine.

Performances où le corps s’envisage comme réceptacle des maux sociétaux, vidéos où le geste s’active, photographies à la composition soignée, le travail de Sarah Trouche touche. La gentillesse qui se lit dans ses yeux est à la mesure de la force de son engagement artistique, et derrière la nudité du corps s’affiche une prise de position : celle de faire bouger les choses.

Sarah Trouche est arrivée à Paris à l’âge de dix-huit ans. Issue d’une famille pour le moins peu conventionnelle, elle est la seule enfant biologique de quinze frères et sœurs, tous accueillis. Sa mère souhaitait (et tel est toujours son désir) permettre aux enfants « in-adoptables » de trouver leur place dans une société où il est bon d’avoir les moyens de faire ses preuves avant de pouvoir avoir droit de cité. Quand elle arrive à Paris, empreinte de cette idéologie, Sarah Trouche est meurtrie par le sort que l’on réserve à ceux qui n’ont rien -la rue- et décide de sensibiliser le monde par ce qu’elle possède -son corps. Naît alors, dans ce qu’elle qualifie elle-même d’une « action naïve », sa première performance, First. Elle plonge nue, la nuit, vêtue d’un seul harnais, sous les ponts de Paris. Dans cet acte s’inscrit la genèse de sa pratique : elle posera son corps nu comme miroir des injustices sociales.

Publié par Sandra Barré

La tête en l'air, les yeux droit devant, le cœur accroché, la main vive, la langue déliée et l'amour de l'art, toujours.